Atelier

Les céramistes

- Jacques Grosbois -

Jacques Grosbois a depuis l’enfance la curiosité des choses de la nature, des plantes, des animaux et des matières. Bon botaniste, bon biologiste autant que chimiste, il s’intéresse autant au vivant qu’aux minéraux et aux métaux. Il a ainsi  investi ses compétences dans la céramique. Les composants complexes des argiles autant que ceux des émaux, leur recombinaison lorsqu’ils sont soumis à températures extrêmes donnent à la céramique des caractéristiques techniques uniques reconnues autant dans l’industrie de pointe,  que dans la médecine. Ce matériau aux propriétés remarquables est connu et utilisé  depuis la préhistoire, dans toutes les sociétés,  pour la cuisine, le stockage, le transport de denrées alimentaires  et même pour fabriquer des outils tels des tessons de polissage. La maitrise de l’art de la céramique et de l’émaillage est  ainsi une alchimie qui transcende la matière.

Son parcours : docteur en médecine, chirurgien, entrepreneur, concepteur de prothèses chirurgicales. Jacques Grosbois est autodidacte dans les techniques de moulage. Familiarisé avec le plâtre aux services urgences, il s’est intéressé ensuite à la fabrication de moules en plâtre pour le tirage de bronzes artistiques.En céramique, le moulage permet également la reproduction des créations grâce à cette étrange matière qu’est la barbotine, argile diluée aux particularités surprenantes : résistance,  élasticité et rapidité de séchage. Elle autorise des formes audacieuses et des objets résistants à parois fines.

Homme d’atelier multi-facette, il répond toujours présent pour inventer des solutions à chaque étape de la création, pour les supports, les encadrements, les socles, la manutention, les métaux et les matériaux réfractaires pour la cuisson, afin de faciliter le travail des artistes du collectif et leur permettre de relever les défis qu’ils se donnent.

- Michèle Le Pellec -

Née à Vannes, en bord du golfe du Morbihan, la petite mer des Bretons, Michèle LE PELLEC a été très tôt émerveillée par le monde sous-marin : algues, crustacés, mollusques. Etonnée qu’il nous soit si méconnu et mystérieux, elle a voulu s’en inspirer, avec ses mains et sa terre pour seuls outils. Sculpter c’est aussi découvrir, regarder, étudier, comparer, redonner vie. Les Poissons du Paradis sont ceux des paradis sous-marins, mais aussi une fenêtre vers des poissons imaginaires…au paradis des poissons. Au fil de ses voyages, sa passion s’est élargie aux mondes sous-marins des récifs calédoniens et Australiens, à leurs couleurs, ainsi qu’aux mondes fragiles des coraux en symbiose avec les poissons. Leur diversité biologique, leurs alimentations, leurs modes de chasse, leurs systèmes de protection ou de prédation, de reproduction, de vie collective imposent aux humains la modestie et l’admiration.

 

Ses sculptures sont ainsi autant de chemins vers ce monde sous-marin mystérieux et peu accessible aux humains, autant de #endanger qui doivent nous sensibiliser à protéger leur monde qui est aussi notre matrice. Elle espère contribuer à la sensibilisation du public et au soutien des aires marines protégées.

 

Parcours: Michele LE PELLEC a toujours travaillé dans des domaines connexes au monde aquatique. Ingénieur en automatisation des centrales hydroélectriques, puis responsables du fonctionnement des sources froides des centrales thermiques, elle a été confrontée au respect opérationnel des équilibres des lacs, des cours d’eau, de la mer, de leur faune et de leur flore. Ses travaux, qui l’ont amenée à rencontrer tous les usagers de l’eau, les organismes de gestion et de protection, l’ont sensibilisée à la fragilité de l’équilibre du monde aquatique et à son importance pour nous humains.

- Stéphanie Morin -

Ingénieure en Agriculture, spécialisée en biologie végétale, Stéphanie Morin a toujours trouvé dans la nature une source inépuisable d’étonnement et d’inspiration.
Très sensible aux petits bonheurs du quotidien, elle aime la modestie et la puissance des petites choses. Ses créations sont naïves, souvent épurées.Ces petits objets, créatures ou créations simples s’invitent dans les maisons pour dialoguer avec l’imaginaire de leurs hôtes.


Résidente de Nantes, mais exploratrice inlassable des autres pays bretons,elle a ancré son âme en Bretagne. Elle s’attache à retrouver, dans les différents coloris d’argile et les nuances des émaux, les couleurs bretonnes des forêts, des plages ou des landes bretonnes qui l’ont séduite.


Adepte de la pièce unique, elle s’investit avec passion dans le modelage et la céramique qui laissent une grande part à l’inattendu et donnent du caractère à chaque création.

Intentions céramistes

Les poissons dits « Du Paradis » sont des créatures oniriques, dont les nageoires, les têtes, les corps ne correspondent pas à de vrais poissons même s’ils sont créés dans l’esprit de poissons existants. Ils laissent aux mains du céramiste la liberté de l’improvisation, de la forme, du hasard, de l’étrangeté et de la poésie. Ils autorisent ainsi chacun à y projeter librement son inconscient.

La collection Recif rend hommage à la beauté du monde aquatique des récifs de coraux. Ces poissons ne mesurent pour beaucoup que quelques centimètres. Agrandis à notre échelle d’humains, ils s’imposent à nous comme créatures méconnues d’un vaste monde de silence, de la foule organisée, de la coopération, de la symbiose, des couleurs vives et de la lutte pour la survie.

Nos argiles

Nous utilisons des terres à faïence, composée de la décomposition de matières rocheuses naturelles,adaptée pour le modelage, le tournage et la fabrication d’objets. La première cuisson dite du biscuit est réalisée entre 980 et 1000°C. La cuisson d’émail (finition) est réalisée entre 1000 et 1100°C, selon l’émail utilisé. La faïence reste poreuse après cuisson. Les pâtes faïences crues peuvent être rouges, blanches, noires, roses, vertes ou bleues, lisses ou chamottées. Les faïences chamottées contiennent des brisures d’argile déjà cuites qui donneront un grain particulier aux réalisations. Souvent, les argiles changent de teinte une fois cuites.

La terre des Vénètes

La terre de Liscorno : De récentes fouilles ont mis à jour les ateliers de potiers gallo-romains de Liscorno à Surzur, le long de la voie romaine, non loin de La Maison des marais. C’était le principal centre de potiers de la cité des Vénêtes, quand les jarres et les pots en terre cuite, imperméabilisées grâce à des techniques de cuisson et des engobes particulières, étaient le seul moyen de conserver, de transporter et de cuire les denrées alimentaires.Les jarres issues de ces ateliers étaient prisées dans tout le monde Romain.

Les fouilles ont mis en évidence la stratification des couches d’argiles sur le site : Argiles grises, argiles noires, argiles jaunes, argiles blanches. Le sol naturel et une grande partie des couches archéologiquessont constitués presque exclusivement d’argiles, affleurant le sol, visible dans toute tranchée.

Pétrir l’argile jaune, après l’avoir tamisée est un vrai plaisir. Elle est grasse, modelable.  Son cuisant est un bel orangé. L’abondance du matériau incite à la création de beaux volumes. Son cuisant orange évoque les massifs de coraux.

Je n’ai pas encore trouvé une couche permettant de recréer ces poteries dites  « terra nigra », dont la surface noire souvent décorée était réalisée grâce à une engobe noire très fine.

Les Techniques

Le modelage : Le travail de l’argile et des émaux est mené de manière artisanale. La plupart des pièces sont modelées à la main comme une sculpture. La contrepartie du travail à la main de sculpture est la liberté des formes, l’unicité de chaque pièce et la création toujours renouvelée.

Le moulage : D’autres pièces de formes identiques simples doivent être
réalisées par moulage d’une première épreuve en plâtre ou en terre.

Le séchage : Il peut prendre un mois lorsque les assemblages doivent équilibrer leurs hygrométries avant de sécher lentement. D’où la couverture de certaines parties sous plastique pendant le sèchage. Le séchage de la terre entraine des rétrécissements de 8% environ, variable selon les terres, et la cuisson ajoute encore 2% environ de rétractation. Ce n’est qu’à ce prix que les molécules composant l’argile se réorganisent pour donner la dureté, la résistance voire l’imperméabilité pour certaines argiles. Les pièces sont donc travaillées d’abord molles au stade d’argile humide, puis finalisées au stade dit « cuir » où la forme est définitive, puis enfournées une fois bien sèches. A cette étape, elles sont d’une grande fragilité. Le moindre faux mouvement ou heurt peut les briser.

La cuissonde l’argile ou biscuit :  Les paliers de température et la température finale sont adaptées aux argiles et aux émaux utilisés. La plupart des œuvres sont creuses. Certaines pièces comportent un orifice qui permet à l’air chauffé de se dilater sans faire exploser la pièce.

Les supports : A chaque étape de la réalisation, il faut  prévoir un support adapté. En première phase il doit autoriser le retrait de la terre, tout en soutenant les volumes de la pièce molle. En dernière phase d’émaillage,le support en céramique ou métal,  doit résister à plus1000 degrés. En effet, la plupart des pièces n’ont pas d’assise sans émail leur permettant d’être posées sur la sole du four(comme un bol ou un vase). Parfois, ce support laisse de petites marques sur l’émail.

L’émaillage : C’est toujours une surprise, bonne ou mauvaise. C’est l’épreuve du feu. Les émaux sont des composés de différents minéraux (silice, feldspath, kaolin, oxydes métalliques etc.), qui se vitrifient à haute température. Les émaux sont posés en pâte plus ou moins épaisse, au pinceau, à la pipette avec ou sans pression ou au pistolet. Selon les pièces, plusieurs techniques sont parfois nécessaires. L’émaillage nécessite souvent plusieurs cuissons successives. Pendant la cuisson, ainsi que pendant le refroidissement, l’émail subit des tensions liées à la forme de l’objet et l’épaisseur de la couche posée. De minuscules craquelures, invisibles, se forment dans l’émail en faisant des cliquetis audibles pouvant durer pendant des semaines. C’est le « chant de l’émail ».

Les supports de présentation : L’atelier crée ses propres supports, en chêne pour la plupart. Une tige inox vissée dans un écrou incorporé aux pièces assure la stabilité. De même, l’atelier assure les encadrements des tableaux muraux.

Signatures : Chaque artiste signe sur ou dans l’argile ses créations avec le sceau de son atelier.
Certaines pièces obtenues par moulage primaire sont numérotées de 1 à 10 ou E.A. (épreuve d’artiste).

Remerciements

Merci à toute la communauté des céramistes d’art qui ont mis en ligne des videos, des documents, illustrant les matériaux et techniques, si utiles pour une formation à distance, dans nos ateliers isolés.

Merci à Ceramicarts network, à Clayflicks video , au blog des céramistes français, des neo-céramistes, aux auteurs de revues….
https://ceramicartsnetwork.org/ , https://ceramiste.net ,https://neo-ceramistes.com/blog/

Merci aux chercheurs et industriels de la céramique,
https://www.iceram.fr/publications-scientifiques/, http://infoterre.brgm.fr

Merci aux industriels français: les faïences de Lunéville-Saint Clément, les émaux de Longwy, les porcelaines de Limoges…..
https://espritporcelaine.fr/histoire-fabrication-de-porcelaine-de-limoges/,https://www.emauxdelongwy.com/
Et tous les céramistes du monde qui partagent leurs trucs et astuces sur internet.

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